Cultive le partage: offrir des denrées tout en valorisant les surplus agricoles

Nourrir la population tout en valorisant les surplus agricoles, c’est l’idée derrière le mouvement régional « Cultive le partage » qui a été lancé, mercredi, au Digihub de Shawinigan. Un projet qui rassemble les initiatives de glanage existantes de Maski Récolte, Des Chenaux Récolte et Trois-Rivières Récolte, auxquelles s’ajoutent maintenant Shawi Récolte et Mékinac Récolte.

L’idée est de faire appel à des citoyens-cueilleurs pour récolter les surplus dans les champs agricoles, dans les arbres fruitiers ou dans les potagers et de les diviser en trois parts égales : soit une pour le donateur, une pour les cueilleurs et une pour des organismes bénéficiaires.

Le mouvement permet ainsi de favoriser l’accès à des aliments sains et savoureux, dans un contexte où la facture d’épicerie est de plus en plus élevée pour les ménages de la région et que de plus en plus de gens ont recours aux banques alimentaires.

Le tout permet également aux producteurs participants de contrer en partie la pénurie de main-d’œuvre pour aller chercher leurs récoltes au moment opportun, en plus de trouver preneur pour des produits qui doivent être déclassés en raison des imperfections.

En créant un mouvement régional, l’idée est d’aller encore plus loin que les initiatives de glanage afin de favoriser la sécurité alimentaire, l’inclusion sociale et l’économie circulaire. « Cultive le partage » explorera, par exemple, la transformation des aliments récoltés pour s’assurer qu’ils soient consommés.

En 2021, dans la région, ce sont 25 producteurs qui ont participé à l’initiative grâce à l’aide de 580 participants. Au total, ce sont 70 organismes et institutions qui ont pu bénéficier des dons.

Deux nouveaux joueurs

Ce sera la première saison de glanage à Shawinigan, où l’on retrouve beaucoup d’arbres fruitiers, mais aussi de l’agriculture périurbaine. Marie-Michèle Savard, chargée de projet de Trois-Rivières Récolte et de Shawi Révolte à La Brouette, estime qu’il sera primordial d’avoir la participation des citoyens pour donner accès aux arbres fruitiers ou aux surplus de potagers.

« À Shawinigan comme à Trois-Rivières, on peut trouver, sur les terrains des citoyens, des pommiers, des poiriers, des cerisiers et des pruniers dont la plupart des fruits vont se retrouver au sol et vont pourrir, explique-t-elle. L’an dernier, avec Trois-Rivières Récolte, on a amassé 4354 kilos de fruits et légumes, dont 3000 kilos de pommes. »

« Je considère incohérent que des gens de Shawinigan se retrouvent en situation d’urgence alimentaire, alors que l’on peut aller chercher jusqu’à 300 livres de pommes dans un seul arbre. Je comprends les raisons pour lesquelles les propriétaires n’ont ni le temps ni les énergies de récolter et distribuer ces fruits-là, mais c’est pour ça qu’on est là. »

Elle a également annoncé un projet parallèle, soit le « plant solidaire ». « On demande la solidarité des citoyens pour planter un plant de plus dans leur jardin. S’ils ont des surplus dans leur jardin, ils peuvent aussi aller les déposer dans nos points de dépôt, soit les comptoirs alimentaires du Lac-à-la-Tortue et de Grand-Mère, le Centre Roland-Bertrand et la Maison Coude à Coude », ajoute-t-elle.

La MRC de Mékinac a également lancé un projet-pilote afin de voir quels sont les besoins et l’offre disponible sur son territoire. « On souhaite recruter plusieurs producteurs maraîchers et des citoyens qui ont des potagers pour participer au mouvement. On aimerait que l’initiative de partage se poursuive plus longtemps dans le temps et qu’on la retrouve dans les prochaines années », espère Pascale Dion, une agricultrice de Saint-Séverin, qui a lancé Mékinac Récolte.

Celle-ci a d’ailleurs insisté sur les bienfaits de l’initiative pour les producteurs qui peuvent bénéficier d’une partie des récoltes qui étaient destinées à être perdues en raison de leur imperfection ou du manque de main-d’œuvre pour les cueillir rapidement.

L’accès à des fruits et légumes frais et locaux est d’ailleurs accueilli à bras ouverts dans les organismes d’aide alimentaire. L’agente de développement au Centre Rolland-Bertrand, Émilie Duchesne, a d’ailleurs rappelé que la pandémie, l’inflation et la crise du logement ont fait en sorte que la sécurité alimentaire est devenue un enjeu prioritaire.

« Pour vous donner une idée de grandeur, en plus des 15 700 repas servis l’an dernier entre les deux tablées populaires, le Centre Roland-Bertrand distribue à la petite semaine, plus de 220 paniers d’aide alimentaire. C’est une augmentation de plus de 35 % par rapport à avant la pandémie, indique-t-elle. Ce sont des augmentations similaires aux organismes qui, comme nous, font de la distribution alimentaire. »

Un budget de 650 000 $ jusqu’en 2024

« Cultive le partage » est rendu possible grâce à un financement de plus de 255 000 $ issu du Fonds québécois d’initiatives sociales (FQIS), dans le cadre de l’Alliance pour la solidarité, en collaboration avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et le Consortium en développement social de la Mauricie. Ce montant représente 55 % du coût total du projet régional jusqu’en mars 2023. Il contribue également au lancement de l’initiative locale Shawi Récolte à hauteur de 30 000 $.

L’initiative compte aussi comme partenaires financiers Desjardins, qui, par le biais du Fonds du Grand Mouvement, a octroyé la somme de 130 000 $, ainsi que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation pour un montant de 100 000 $ dans le cadre du programme Territoires : Priorités bioalimentaires.

En ajoutant les contributions du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec et celles de la région, soit le Pôle d’économie sociale de la Mauricie, le comité régional du projet, ainsi que la valeur des denrées récoltées par les initiatives locales, le budget global de « Cultive le partage » s’élève à plus de 650 000 $ jusqu’à la fin de 2024.

Source : Le Nouvelliste, SÉBASTIEN LACROIX

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