Par Sébastien Lacroix, Le Nouvelliste,
Le ministre responsable de la région, Jean Boulet, a en effet profité de l’occasion pour annoncer qu’il mandate la Conférence administrative régionale (CAR), qui regroupe des représentants de ministères et d’organismes gouvernementaux, pour effectuer un état de situation et identifier les défis à relever en lien avec la VTÉ.
C’est ce qu’il a déclaré devant une centaine de personnes qui gravitent autour du monde académique, communautaire, municipal ainsi que de la santé et des services sociaux qui étaient réunis au restaurant Le Rouge Vin, à l’île Saint-Quentin, dans le cadre de la démarche de mise en œuvre de la stratégie régionale.
La CAR collaborera donc avec la Table des élus de la Mauricie afin de déterminer les besoins et explorer les pistes d’action, et ce, après avoir évalué la capacité d’accueil des municipalités, notamment en matière d’habitation.
«C’est le coup d’envoi d’une immense concertation en Mauricie pour relever des défis qui sont vraiment fondamentaux», a soutenu le ministre Jean Boulet qui a aussi rappelé que la région a de grands défis de recrutement et de rétention de la main-d’œuvre.
Faire les choses différemment
Lors de son allocution, le président de la Table des élus de la Mauricie, Guy Veillette, a fait valoir que la Mauricie se trouve dans une situation que l’on n’a jamais vécue et que pour avoir des résultats que l’on n’a jamais eus, il faut faire des choses que l’on n’a jamais faites.
«Il y a plein de choses [que l’on peut faire différemment]. Je pense des fois à certains assouplissements sur la loi et l’aménagement de l’urbanisme», a-t-il précisé en mêlée de presse.
«Comment on peut utiliser la zone agricole avec parcimonie, mais en tenant compte de nos besoins de développement et des besoins d’habitation qu’il y a», a-t-il donné en exemple.
«Quand on veut s’adresser au niveau de la protection du territoire agricole, c’est une fin de non-recevoir. Est-ce que l’on peut avoir cette intelligence collective au niveau de chacun des territoires? Ne pas embarquer sur différents projets à tout vent, se donner des critères rigoureux, mais d’être capable d’avoir ce droit de gestion là au niveau territorial?», a-t-il soulevé.
De grandes priorités pour la Mauricie
L’identification des trois grandes priorités 2025-2029 est le fruit d’un rapport diagnostic qui a été établi à la suite d’un portrait du territoire, de groupes de discussion qui ont regroupé plus de 50 participants et d’un sondage qui a recueilli les réponses de 390 personnes.
La crise de l’habitation est notamment au cœur des priorités de la région, alors que les taux inoccupations ont atteint des sommets historiques à Trois-Rivières et à Shawinigan. Le tout dans un contexte où le dynamisme économique prévu avec le déploiement de la VTÉ risque de mettre encore plus de pression sur le logement.
Selon ce qu’indique le document de travail présenté aux participants, l’accès à des logements abordables, sociaux et communautaires a chuté sous le seuil d’équilibre de 3 % depuis 2022 et ce sont 3880 ménages qui ont des besoins impériaux en matière de logement.
On y apprend également que 8,8 % de la population de la Mauricie habite dans un secteur qualifié de «désert alimentaire» et que, chaque mois, ce sont près de 35 000 personnes qui bénéficient de l’aide alimentaire.
Le développement de la main-d’œuvre est aussi nommé comme prioritaire avec l’arrivée de la Vallée de la transition énergétique et les nombreux emplois promis par la filière batterie à Bécancour.
Selon ce que mentionne le document de travail, la pénurie de main-d’œuvre affecte notamment les petites et grandes entreprises ainsi que les organismes. Qui plus est, la Mauricie affiche un taux de décrochage élevé et la région se classe parmi celles qui ont la plus faible productivité au travail, notamment en raison du retard de la transition numérique des entreprises.
Plan d’action en décembre
La mise en place de conditions essentielles pour développer des milieux de vie durables a aussi été identifiée comme étant une priorité. Le manque d’accessibilité et de disponibilité des transports en commun a notamment été noté parmi les enjeux.
La protection des milieux naturels et la mise en place de stratégies pour atténuer les impacts sur les changements climatiques figurent parmi les initiatives à prioriser selon les répondants du sondage.
Les différents ministères doivent faire le dépôt de plans d’action en lien avec ces priorités en décembre prochain et des montants d’argent seront ensuite annoncés pour en assurer la réalisation.
«On va s’assurer de faire un suivi. Je veux qu’on fasse des rapports d’étape. Je veux non seulement qu’on mette en application des actions, mais qu’on mesure des résultats», a soutenu le ministre Jean Boulet.