Les jeunes veulent rester dans la région mais ne connaissent pas les opportunités d’emploi

Par Stephane Laroche, 20 mars 2025 – L’Hebdo Journal |

La méconnaissance des employeurs de leur propre région est le constat le plus préoccupant qui ressort de l’Enquête jeunesse menée par Développement Mauricie dont les résultats viennent d’être dévoilés. Les jeunes de la région souhaiteraient y demeurer, mais ils ont de la difficulté à entrevoir dans quelles entreprises ils pourraient occuper un emploi.

Pour mener cette enquête, on a réuni autour de 13 tables de discussion 182 jeunes de 14 à 35 ans de toutes les villes et MRC de la région afin de connaître leurs aspirations quant à leur emploi de rêve et leur milieu de vie idéal. 69 % d’entre eux étudient au secondaire et 21 % au cégep. Les autres fréquentent l’école aux adultes ou sont fraîchement diplômés.

« Première surprise, on s’est aperçu qu’il y avait une importante méconnaissance des possibilités d’emploi par nos jeunes, souligne Johanne Caron, coordonnatrice en développement régional chez Attractivité Mauricie. Quand on leur disait, sans égard à la carrière que vous voulez faire, nommez-nous des entreprises que vous connaissez qui pourraient être inspirantes, ce n’est que 1,33 employeurs qui étaient identifiés et étrangement, on entendait McDonald’s et Tim Hortons. Au moins 34 % ont de la difficulté à se voir occuper un emploi. On sent qu’il y a un enjeu à ce niveau-là. »

Faire connaître les entreprises et les opportunités d’emploi en Maurice devient un enjeu crucial puisque la région répond déjà à plusieurs critères que les jeunes considèrent comme attractifs à commencer par la beauté naturelle de la Mauricie.

« On sent que les jeunes voudraient demeurer en Mauricie. Ils ont un amour pour la nature. On a un parc national, ce qui est pas mal unique au Québec. On se distingue là-dessus. On a la proximité de la nature. Si je compare par exemple au Centre-du-Québec qui est un milieu de vie plutôt plat, en Mauricie on a la montagne, on a une campagne qui est beaucoup plus riche. Cet environnement-là leur plaît, mais à condition qu’ils puissent trouver un emploi. Ces jeunes-là ont la Mauricie tatouée sur le cœur. Ils sont contents d’y vivre mais ils seraient prêts à quitter parce qu’ils ne sont pas certains qu’ils vont trouver un emploi. »

Pour les jeunes interrogés, un milieu de vie attractif comprend, dans l’ordre, l’harmonie entre la ville et la nature, un environnement sans pollution, l’accès aux services de proximité, des activités de plein air, de chasse et de pêche, des paysages naturels à couper le souffle et des lieux de rassemblement pour les jeunes. La tranquillité, la sécurité et la qualité de vie ont aussi été soulignées.

La proximité avec la famille se hisse au premier rang des facteurs d’enracinement en Mauricie pour les jeunes.

« Ça ressort clairement que c’est le facteur numéro un. Vivre autour de leur famille, c’est important et ça, ils l’ont déjà. Ce qu’on a perçu c’est qu’il y a vraiment ce qu’il faut pour qu’au niveau du milieu de vie ça réponde à leurs besoins. C’est notre devoir de trouver une façon de leur faire voir qu’ils ne sont pas obligés de quitter pour avoir une carrière qui va leur plaire et faire quelque chose qu’ils vont aimer dans la vie. Il y avait des jeunes qui étaient quand même déjà assez orientés sur ce qu’ils voulaient faire dans la vie, puis quand on leur demandait si en Mauricie ils avaient identifié des entreprises où ils pourraient le faire, étrangement, mis à part quelques exceptions, la réponse était non. »

Considérant de nouvelles réalités, la rétention des jeunes devient un objectif qui prend le dessus sur l’attractivité de ressources humaines chez nous.

« Au départ, on était axé sur l’attractivité de nouveaux arrivants, de travailleurs, pas juste internationaux, mais qui venaient de l’extérieur. Avec les enjeux d’habitation qui sont arrivés très rapidement, on s’est dit: on en a un beau bassin de jeunes. Si au lieu de faire de la promotion en dehors de la Mauricie pour faire venir de la main d’œuvre, si on mettait le focus sur la rétention de la jeunesse en leur faisant découvrir le plus tôt possible dans leur vie les possibilités de carrière en Mauricie, les secteurs économiques d’avenir, on pense que le jeune va peut-être s’apercevoir que ce qu’il pensait qui n’était qu’à Québec ou Montréal, ça existe autour de chez lui. »

Les conclusions de l’enquête se transposeront maintenant en actions visant à rejoindre les jeunes, en complément avec le travail déjà amorcé.

« Il y a un travail formidable que font des partenaires comme les CJE, les SANA, la TREM, Stratégie carrière, Ta place à Shawi. Si on prend pour acquis que ça va plutôt bien pour le milieu de vie, on va travailler sur l’emploi. À partir des commentaires des jeunes, en utilisant les médias sociaux qui ont été identifiés par eux, on veut développer des stratégies pour faire connaître des secteurs économiques porteurs, les entreprises, le type d’emploi, et ça on va le faire par des capsules, des blogues, des entrevues, de la courte vidéo, sur ces plateformes-là pour qu’éventuellement les jeunes puissent retrouver de l’information. On travaille dans une perspective de développer des outils qui seront au service autant du jeune que de ses parents, d’un employeur ou d’un conseiller en orientation dans une école, qui vont tous viser une chose ultimement, c’est de garder les jeunes en Mauricie pour occuper des emplois en Mauricie. »

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